"Un Jour En France"

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Ex Catho-logique ( 6 )

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« Bienvenue sur la hot-line. Si vous désirez modifier votre abonnement ; tapez 1 ; si vous avez un problème technique composez le 2 ; si vous désirez être mis en relation avec un conseiller clientèle, tapez 3… » fit une voix engageante et chaleureuse sous laquelle perçait l’absence de toute humanité.

Dieu tapota la touche «  3 » de son téléphone rouge.

«  Vous désirez être mis en relation avec un conseiller… confirmez ce choix en prononçant « oui » … »

Dieu prononça « oui », un tantinet agacé.

«  Bien ! » fit la voix douce et factice «  vous désirez être mis en relation avec un conseiller clientèle. votre délai d’attente est estimé à moins de 15 jours… »

«  Quoi ! ? Bordel de Moi-même ! Arrête tes conneries Satan ! » éclata le Bon Dieu en sautant sur sa chaise.

«  Qui êtes-vous ? » fit la voix sensuelle comme un coup de fouet sur un cul dodu.

«  Je suis Celui qui ne doit pas être nommé en vain ! Je suis l’Éternel ! Je suis ton Dieu, créature ! »

Il y eut un silence, puis une musique d’ascenseur patienta le silence durant une bonne minute, puis un clic et enfin Dieu entendit :

«  Sauf ton respect, mon pote, ici t’es que dalle ! » C’était une voix de contrebasse en rut majeur, soufflée plus que parlée, inquiétante, menaçante, la voix du stupre et de la malveillance absolue. Elle contrastait fortement avec la précédente qui n’appelait qu’au viol et à la sodomie sans vaseline finalement.

«  Je me doutais bien que c’était toi, Satan ! C’est quoi ce délire avec le téléphone ? »

«  On a beaucoup trop d’appels, t’imagines même pas, fichu branleur de mes deux cornes !  Et d’abord je ne suis pas Satan, je suis Lucifer ! »

«  Arrête tes conneries ! Satan, Lucifer, Belzébuth, qu’importe ! Ton nom est Légion ! »

«  est « étrangère » est mon prénom, pauvre con !  Bon, qu’est-ce que tu veux, ô Grand Connard Céleste ? »

«  Que t’arrêtes de m’insulter, pour commencer, parce que sinon on va pas s’en sortir . » Fit Dieu, conciliant.

«  Ok, ma poule, qu’est-ce qu’il t’arrive ? »

Alors Dieu raconta l’histoire de la prophétie, la chasse au Malachie, Gabriel, Battesti, le combat final et tout le tremblement. Satan, bon public, ponctuait le récit de Dieu avec forces «  putain ! Tu déconnes ? », «  mon pauvre Vieux… », «  Oh ben ça alors, bordel de merde de pute à cul ! », comme font les enfants bien élevés quand on leur raconte une histoire captivante. Et Dieu termina :
«  Tout ça pour te demander si, par le plus grand des hasards, tu n’aurais pas décidé de prendre de l’avance sur le calendrier en envoyant sur Terre l’antéchrist et ainsi me forcer à l’Armageddon ? »

«  C’est tout ? » fit Satan, narquois, bien qu’en son for intérieur il ressentit les prémisses foireuses de l’angoisse. Un antéchrist ? Que ce bon Dieu était naïf ! Mais comment lui avouer que sa chère humanité regorgeait d’antéchrists, jetés là, génération après génération, par son génie maléfique. Ils pullulaient sur les places financières. Il en débordait des conseils de ministres. Il n’était pas jusqu’à la moindre épicerie Carrefour qui n’en fut farcie ! D’un autre coté n’était-il pas le Malin ? N’était-il pas destiné à éprouver les nerfs de Dieu, à lui prouver que l’humanité ne valait pas tripette ? Bref, il avait effectivement envoyé l’antéchrist. Par paquet de douze. Et pas qu’une fois !

Le problème avec les antéchrists, c’est qu’ils sont imbus d’eux-mêmes, fats, cupides, obstinément préoccupés de leur bien-être personnel, de leur enrichissement aux dépends des autres, de leur jouissance. Oh il font le Mal, certes, mais uniquement pour leur confort. Au point qu’aucun ne fut jamais en mesure de mettre son intégrité, morale aussi bien que physique, au service d’un intérêt supérieur, fût-il la victoire du Mal sur le Bien. Satan se l’avouait parfois les soirs de déprime : c’est d’un Saint dont il aurait eu besoin. Mais il n’avait pas ça en magasin.

Alors il répondit :

«  Non »

Après avoir raccroché le combiné, Satan gambergea un peu. Cette histoire le turlupinait et ce n’était pas agréable. Qu’un mec roule Dieu dans sa pure farine de Père-La-Pudeur suprême ne lui déplaisait pas, fondamentalement parlant. Mais que lui, le Prince des Ténèbres, n’en sut pas plus ni n’en fut à l’origine lui était insupportable ! Se pouvait-il qu’un petit malin veuille lui ravir la vedette ? Une espèce de petit enfoiré essayait-il de le doubler, pour quelque motif inavouable ? Peut-être pour prendre sa place !?

«  Ah non ! » bondit-il comme un Diable hors de sa boite.

Written by saiphilippe

10 mars 2013 à 18 h 46 min

3 Réponses

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  1. Je ne commente pas des masses mais je lis tout . Je me régale ! Comment se fait-il que les fasse-bouqueux ne viennent pas commenter ici ? Tu postes aussi de l’autre côté ?

    Dominique

    10 mars 2013 at 20 h 25 min

  2. si même Belzébuth se fait empapaouter , où va-t-on ?
    ..
    je ne sais pas où tu vas , mais j’te suis 😀

    jojo

    11 mars 2013 at 8 h 30 min


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